l’Euro, bientôt une monnaie virtuelle ?
Article transmis par la Communication UIAD et signé par Fanny Le Meurlay (service civique UIAD).
L’Euro, bientôt une monnaie virtuelle ?
Conférence UIAD
Tenue le 7 janvier 2025 par le chercheur et professeur à l’Université Grenoble Alpes Jean-François Ponsot.
Cette conférence portait sur l’Euro numérique, soit le remplacement de la monnaie physique par une monnaie dématérialisée. Ce projet, initié en 2021 par la Banque centrale Européenne (BCE), et inspiré de systèmes similaires déjà utilisés ailleurs dans le monde, est une source de débat.
Jean-François Ponsot a commencé par clarifier le statut de cette monnaie dématérialisée : il ne s’agit pas d’une crypto-monnaie mais d’un réel euro. La crypto monnaie est une devise récoltée sur internet, pouvant être utilisée dans certaines transactions.
Beaucoup ont considéré la crypto-monnaie comme une révolution technologique en 2009 (année de son invention), mais le chercheur pense que la blockchain est la vraie révolution technologique. Celle-ci permet de transférer des informations et des données, dont des paiements, rapidement et de manière sécurisée. Utilisée pour les crypto-monnaies, elle peut être mise en application pour une monnaie plus sécurisée, et surtout utilisée par la majorité de la population européenne : l’euro.
Des contestations se sont cependant fait entendre pour ce projet : qu’en est-il de la sécurité, si tout est dématérialisé ? Quelles places auraient les banques privées avec cette monnaie émise directement de la BCE ? Qu’en est-il des risques écologiques de ces technologies ? Des études montrent que ces monnaies sont énergivores. En 2022, la consommation annuelle électrique du bitcoin était équivalente à celle de la Norvège. L’arrivée d’une monnaie numérique européenne serait, elle aussi, gourmande en énergie.
Ce projet mettrait en avant une sécurité accrue des fonds financiers, notamment une réduction des risques d’évasion fiscale, et d’une gratuité pour ses usagers. On vise aussi à une internationalisation de l’euro, qui était déjà un projet à son lancement. Les critiques émises concernent plusieurs points. Déjà, la bancarisation : les franchises s’inquiètent de leur futur auprès des usagers privés et des entreprises. Ces mêmes entités s’inquiètent de la disparition de la monnaie physique, mais aussi de la gestion de leurs fonds : une confiance doit s’installer.
Questions-réponses :
Q : L’euro numérique n’est pas là pour lutter contre les banques mais les institutions privées ; est ce que cet euro numérique sera gratuit pour l’usager privé ?
R : C’est un objectif. Les banques contestent l’initiative d’une monnaie numérique, mais restent celles qui créent la monnaie physique, et détiennent encore tous les fonds, utilisés pour la spéculation, etc. Elles sont capables d’accorder des crédits sans avoir les fonds nécessaires pour ces raisons. En 2018, la Suisse, avec un référendum (initiative populaire fédérale), avait demandé à sa population si elle souhaitait que sa banque centrale soit seul monopole de la création monétaire. Si le peuple avait répondu par la négative à 75% (avec seulement 34% de participation), les banques n’étaient pas lavées de toute inquiétude pour autant. Si les autres initiatives de crypto-monnaies privées trouvent dans leurs origines des initiatives parfois alter-mondialistes, ce ne sont plus les mêmes cercles qui les utilisent aujourd’hui, et ce pas pour les mêmes raisons. Les volontés des opposants mobilisent toujours un certain horizontalisme.
Q : Sur le plan énergétique, on sait que les paiements contacts polluent, et cela sera aussi le cas de l’euro numérique. Qu’en est t-il des autres risques, comme le vol ?
R : Oui, on peut aussi bien se faire voler son portefeuille que son téléphone, mais il faut aussi prendre en compte les risques de piratage. Ils ont déjà lieu dans les systèmes utilisés actuellement, les banques ne sont pas infaillibles. Dans n’importe quel cas, nous ne sommes jamais à l’abri d’une spoliation.
Q : Quelle est la différence avec l’euro que nous utilisons aujourd’hui ? La banque centrale ne pourra pas assurer la mise en circulation de l’euro numérique gratuitement.
R : Puisque la monnaie ne sera pas émise par les banques, leur utilisation ne coûterait pas de frais bancaires. Les banques ne disparaîtront pas, l’euro numérique prévu serait limité à 3000 euros. Rappelons cependant que les billets imprimés ne sont pas financés avec les impôts, mais grâce aux revenus des banques.