TARDES DE SOLEDAD
De José Beille, qui après avoir vu ce documentaire, nous a fait en plus du compte-rendu du film, un résumé de l’évolution de la tauromachie à travers les âges, enrichi de ses aquarelles bien sûr :
Albert Serra filme la rencontre ritualisée entre un toréador et un taureau dans une arène. Le toréador est le plus célèbre au monde : le Péruvien « Andrés Roca Rey ».
Les costumes du torero sont brillants, les postures du toréador sont magnifiques, les vues du taureau sont naturellement vibrantes. On lit notamment dans ses yeux ses sentiments animaux : la fureur, la peur, la douleur, l’ombre de la mort.
Il y a des moments de grâce : la mise en place des banderilles, les passes du toréador chantées par la foule.
Il y a des moments tragiques et traumatisants : l’intervention du picador pour épuiser le taureau, le sacrifice du taureau. C’est là que réside la vraie solitude du toréador devant le taureau : la concentration et la fureur du guerrier se lisent sur son visage. Il s’agit de viser avec l’épée la pointe de la croupe qui lui permettra d’atteindre le cœur et d’abattre le taureau instantanément. Lorsque le taureau tombe au sol, il y a des gros plans dans sur ses yeux et vous pouvez littéralement voir l’ombre de la mort; Il y a beaucoup de sang. Ensuite le coup de grâce avec un poignard à l’arrière du cou avec beaucoup de détails.
La « solitude du toréador » est exacerbée dans les scènes de repos dans l’arène et dans la voiture où se termine chaque après-midi de combat : le toréador est grossièrement flatté par la bande de ses acolytes : « tu es le meilleur, tu as les plus grosses couilles … », ce qui l’isole encore plus.
Le film insiste sur l’aspect rituel du combat entre l’homme et la bête qui existe depuis des temps immémoriaux.
Le rituel se voit aussi dans la tenue très moulante qui nécessite l’intervention d’une assistante et dans l’importance de la religion (signe de croix en toutes occasions)
Albert Serra est un réalisateur et producteur espagnol né en 1975. Ses films les plus célèbres sont :
« L’honneur de la chevalerie », d’après Don Quichotte de Cervantès, présenté au Festival international du film de Cannes en 2006
« La Mort de Louis XIV » (2016) avec Jean Pierre Léaud.
« Liberté » sur le thème de la débauche, présenté à Cannes en 2019
Vous pouvez voir le document complet sur le blog des étudiants de Ligia Martins : « Vamos a hincar los codos » et en cliquant ici