En Norvège, en Suède et en Finlande, mais aussi en Angleterre et en Ecosse, existe un right to roam ou droit d’accès à la nature. Nous ne connaissons pas d’équivalent en France où la liberté de passer sur les terres d’autrui est généralement suspendue au bon vouloir du propriétaire et consiste en une simple tolérance (quoiqu’il existe de nombreux droits de passage, à commencer par le fameux chemin des douaniers).
Mais au-delà de l’état du droit en vigueur, qu’il faudrait dresser, ce que je souhaiterais étudier, via ce droit de déambuler, est la possibilité de repenser le droit à l’âge de l’anthropocène. En effet, le droit est généralement pensé comme une occupation ou « prise de terre », c’est-à-dire comme allant de pair avec une vie sédentaire, qui ne serait précisément pas celle de la fugue ou de l’errance. Or le nomadisme peut être considéré comme une manière économe de vivre sur terre, précieuse pour qui partage le souci écologique. Se déplacer n’est d’ailleurs pas le propre de l’homme : les animaux, les végétaux, mais aussi, par exemple, les eaux doivent pouvoir circuler. De sorte que s’intéresser au droit d’arpenter la terre conduit à réfléchir à l’échelle d’un droit des entités terrestres. Enfin, les droits de passage sont souvent soit des droits d’usage collectif, soit des biens communs qu’il conviendrait, sans doute, de sauvegarder, voire de reconquérir.
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