L’ODYSSÉE D’HAKIM
Cette Odyssée-là, ne se déroule pas dans le monde grec ancien, ce n’est pas un mythe, c’est une épopée contemporaine bien réelle, sous forme de récit graphique
Rien à voir avec la longue Odyssée d’Homère, ce célèbre poème épique qui narre le retour au pays du roi d’Ithaque, Ulysse, le héros. L’Odyssée d’Hakim, elle, raconte le départ douloureux du pays, la Syrie, d’un héros ordinaire, Hakim, pour un long voyage obligé, le voyage d’un réfugié.
Pourquoi Hakim, jeune entrepreneur syrien, heureux et sans souci, décide-t-il de fuir en laissant derrière lui, sa famille, son entreprise florissante, son pays en guerre civile ?
En partant de Damas, Hakim pense pouvoir s’intégrer aisément dans un pays voisin, Liban, Jordanie, Turquie. Mais il ignore encore que ce choix, qu’il croit provisoire, va être le début d’un vaste périple de plusieurs années et le mener jusqu’en France, à Aix en Provence, où il vit aujourd’hui.
Dans son préambule l’auteur révèle pourquoi il a choisi d’aborder un tel sujet en partant d’un destin individuel, celui d’un migrant syrien, installé avec sa famille en France.
En 2 planches (9-10), quelques mots, dessins et chiffres, Fabien Toulmé résume ce qui a créé le déclic en lui.
Il choisit de témoigner par une BD, du destin difficile de celui qu’il va nommer « Hakim », et décide de le rencontrer, pour écouter son histoire, histoire personnelle certes, mais à valeur universelle.
Dans ce roman graphique, alternent présent, les séances d’entretien avec Hakim où l’auteur se met en scène avec son personnage, et passé, l’histoire vécue par Hakim, racontée par étapes, fidèle à son récit. Pendant les rencontres, la couleur rouge est réservée à l’auteur, ses vêtements… et aux évènements qui ont suscité son projet. Les fonds bleu-gris, le noir et blanc dominent. Cette couleur rouge est absente des scènes de la vie d’Hakim, où les fonds des images sont en dégradés de beige et marrons, sable et ocre.
Un sujet d’actualité, grave, traité sans misérabilisme ni pathos. Des faits, des épisodes tristes ou gais, un quotidien vu à travers la plume affûtée de Fabien Toulmé, les yeux et l’humour simple et doux d’Hakim : “Il n’y a pas beaucoup d’avantages à être un réfugié, mais s’il y en a bien un, c’est qu’on n’a pas grand-chose à déménager”.
Une carte retrace le périple d’Hakim, en trois temps, pas forcément logiques. Trois volumes. A la fin du premier Hakim s’apprête à quitter la Turquie. La suite de son Odyssée dans les deux tomes à venir.
Catherine Blanchard