Club de cine español « Un otoño sin Berlín »

Lors de la dernière session du club de cinéma espagnol, Ligia et Marta nous ont proposé un film espagnol relativement récent (2015), premier long-métrage d’une jeune réalisatrice d’origine basque, Lara IZAGIRRE.

Un otoño sin Berlín a plusieurs fois été primé et Irene Escolar, qui joue June, premier rôle qui apparaît dans tous les plans, a reçu le Goya de la meilleure actrice 2016.

Après le décès de sa mère, June a quitté brusquement (et sans explication, nous le comprendrons peu à peu) sa famille, son fiancé, ses amis, son village, son pays. Au bout de quelques années, elle revient – sans prévenir.

Les retrouvailles se passent mal (mais dans quel état d’esprit arrive-t-elle ?). Dès les premières images, la tension est palpable : son fiancé refuse de lui ouvrir et elle va passer la nuit sur le canapé de la maison familiale. Quelques mots rapides à son frère, aucuns à son « Aita » (père). Peu à peu, elle essaie de reprendre sa place. Douloureusement auprès des siens, auprès de Diego son fiancé, écrivain ermite, qui ne sort plus, vit dans le noir, ne voit personne et noircit des cahiers de contes (talentueux, il pourrait être un écrivain à succès). Avec enthousiasme, elle essaie de ranimer en lui leurs rêves d’avant. Peine perdue : il accepte de partir avec elle à Berlin, ville où ils avaient pensé s’installer mais au dernier moment se désiste sans un mot ni un regard.

Bien qu’en couleur, le film est oppressant, gris. Les seules lueurs d’espoir viennent d’un petit garçon lumineux, Nico, à qui June apprend le français – il faut bien vivre !

Tous les personnages sont murés dans leur histoire personnelle douloureuse. June, qui a essayé de s’en échapper, revient (pour entraîner Diego avec elle ?) et finit par repartir, seule – apparemment libérée de ses tourments et prête pour une « nouvelle » vie.  Nico, lui, assume sa volonté de ne pas intégrer le collège français dans lequel sa mère souhaite l’inscrire et obtient des notes catastrophiques à l’examen d’entrée.

Nous sommes tous d’accord pour dire que le thème principal du film est la non-communication. Notre discussion nous entraîne sur la maladie (la dépression profonde ou « autisme » de Diego), la réaction face au décès d’un être cher, la culpabilité (pour June, son « aita » (père) médecin aurait dû sauver sa mère), le désarroi d’une mère face à la maladie de son enfant et le droit de chacun à vivre comme il le souhaite, sans tenir compte des conventions et des autres.  Ce dernier thème est âprement discuté (en espagnol, bien sûr) et la douzaine de participants peut tour à tour faire entendre sa voix.

Ce film intimiste a recueilli tous nos suffrages.

Juanita (Jeanne Allizon)

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