Découvrez « sans plus attendre » de Sylvie Durastanti

Le livre de Nathan Harris « la douceur de l’eau » a remporté le prix littéraire 2023de l’UIAD.

Cependant, les membres du jury souhaitent vous faire partager leur enthousiasme pour d’autres ouvrages de la sélection des livres en lice :

Pourquoi je recommande la lecture de « Sans plus attendre » de Sylvie DURASTANTI ?
Parce que ce 1 er roman de Sylvie DURASTANTI est une proposition assumée et réussie de
s’inspirer à nouveau de l’Odyssée pour faire passer un message original et personnel : la force
brutale peut être vaincue par la ruse et la gestion du temps !…
Parce que ce roman est plein de créativité et d’imagination : par exemple, la métaphore de la
« Poulpe » qui se camoufle pour chasser ses proies, mais qui dévoile sa faiblesse congénitale
face à la « femelle » est d’une grande poésie, très cruelle d’ailleurs !…
Parce que ce roman est écrit dans une langue très élaborée et pure, avec des descriptions
féériques ; les personnages principaux et secondaires sont bien « campés » dans leurs rôles
légendaires, leurs pseudonymes sont « chiffons de papier », leurs avenirs immédiats ou
lointains n’angoissent pas le lecteur, qui peut prendre le temps de « siroter » les récits
successifs !…
Parce que Sylvie DURASTANTI , qui est une écrivaine d’expérience, ayant signé des
scénarios au service de Jean EUSTACHE et de la « Nouvelle Vague » du Cinéma des années
soixante, emploie un langage, très emphatique parfois, pour respecter le fait que
« l’ODYSSEE » est composé de 24 « chants » transmis oralement d’un « aède » à l’autre
entre 1250 avant J.C. pour parvenir 5 siècles plus tard à Homère (750 avJ.C.), celui auquel on
attribue les premiers textes fixant quelque peu le déroulement de la Guerre de Troie…La
transmission orale d’aèdes en aèdes permet bien des oublis, des omissions ou des
embellissements !…J’aime bien l’audace de l’autrice pour décrire les actes et les initiatives de
Pénélope (pardon « la Maîtresse »), avec son entourage fidèle, pour se protéger des « intrus »
et « tuer » son attente !…
Parce que le roman de Sylvie DURASTANTI est une transposition légitime de la vie de
Pénélope à « Ithaque » durant son attente d’Ulysse, qui n’avait peut-être jamais été faite avec
autant de détails. Même la lenteur de la dramaturgie, qui va crescendo cependant (cf.derniers
chapitres), est peut-être volontaire de la part de l’autrice pour nous faire partager, nous les
lecteurs, les impatiences et les angoisses de l’héroïne !…C’est une hypothèse !… L’autrice,
donc se donne le droit d’écrire l’histoire d’une « Pénélope » fière de sa « Féminité », fière
d’avoir résisté à ses « prétendants » et fière aussi, ne pas l’oublier, de l’émancipation de son
fils « Télémaque » qui n’a pas encore rencontré son père mythique !…
Pas de plagiats de la part de Sylvie DURASTANTI donc, qui se contente de s’inspirer du 3 ème
volet de l’Odyssée, intitulé chez Homère « La Vengeance d’Ulysse » (Chants 13 à 24) ;
accuse-t-on de plagiats Virgile, Shakespeare, du Bellay, Racine, Offenbach ou Berlioz pour,
chacun d’eux, s’être approprié un ou plusieurs personnages mythiques de l’Iliade ou
l’Odyssée dans des rôles dramatiques et même parfois comiques ?…Ces deux dernières
années, Jean Claude GALOTTA et ses danseurs à la MC2 ont créé et présenté deux ballets
successifs : « Ulysse » (2022) et « Pénélope » (mars 2023) avec comme argument principal
pour le dernier : « l’égalité homme-femme » !… Bravo à la création !…

Pour conclure sur ce roman que j’avais mis en tête de mon classement lors du jury UIAD
2023, j’ai trouvé sur internet une critique plus savante que la mienne que je vous soumets :
“Dans Le plaisir du texte, Roland BARTHES nous rappelle que le texte signifie «tissu» et
« qu’il se travaille à travers un entrelacs perpétuel(…) ». A la lecture du premier roman de
Sylvie Durastanti, « Sans plus attendre » aux Editions Tristram, le lecteur a l’impression
qu’à travers ces voix qui se répondent, Pénélope, la femme d’Ulysse qui attend son retour, et
Eri, l’esclave de Pénélope, s’entrelacent les voies du courage, de l’adversité, et de la volonté
d’habiter le monde. Dans une langue solaire et liquide, Sylvie Durastanti nous fait entendre
avec ces deux personnages féminins la puissance d’une mythologie électrique et sauvage.
Pour mieux interroger le manque, le silence et l’ardeur de nos désirs toujours vivants.”

Francis Anselin
Membre du jury du Prix Littéraire UIAD 2023

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.