Hommage à Charles Jourdan

Charles Jourdan nous a quitté et c’est toute l’activité botanique qui est en deuil.

Rémi Julliard lui rend hommage :

 

Salut Charles,

Un grand salut de tous tes amis botanistes de l’UIAD au nom desquels je m’exprime aujourd’hui.
Certains sont ici, à tes côtés, pour ce dernier « Au revoir » et pour te dire un immense merci pour tout ce que tu as fait non seulement pour la section mais aussi pour chacune et chacun d’eux.
Certains m’ont fait part de leur regret de ne pouvoir être là, comme Béatrice qui m’a délégué, comme Simone, comme Annie, comme Dany et comme bien d’autres encore..

Eh bien Voilà ! La roue de la vie s’est arrêtée de tourner pour toi et la boucle est bouclée…! En ce moment particulièrement douloureux, il me parait important de dire ou de rappeler l’apport qui a été le tien pour la botanique au niveau de L’Université Inter-Âges de Grenoble.
Lors de ta carrière d’enseignant à Fontaine dans laquelle tu t’es pleinement investi et au cours de laquelle je sais que tu as eu de grandes satisfactions professionnelles, tu n’as évidemment, comme beaucoup d’entre nous, guère eu le temps de botaniser.

Mais une fois à la retraite, ignorant les mots oisiveté, farniente, désœuvrement, tu t’es aussitôt investi « à fond » dans la botanique à l’UIAD.

Ton tempérament d’enseignant engagé et passionné t’a très vite poussé à créer, je dis bien créer, une 1ere année d’initiation à la botanique. Avant toi, il y avait des cours qui étaient plutôt des conférences. Ce type de cours, de conférences
a toujours lieu. Mais toi, tu as introduit les apprentissages fondamentaux. Tu as à cette occasion fait découvrir la Flore de Jeanne Covillot, « la Covillot » comme on dit, et tu as donné à tes nouveaux élèves des devoirs sous forme d’exercices à faire en cours ou à la maison.
Et puis, très vite, à la demande des élèves d’ailleurs, tu as instauré une 2eme année et fait découvrir la Petite Bonnier ! Ah, la petite Bonnier ! Qu’elle en aura marqué, des élèves…
Avant toi, il y avait déjà des stages, parfois très longs (Jacky qui a été longtemps ton bras droit pour l’organisation des stages me rappelait que son premier stage à l’Ile d’Oleron avait duré 12 jours !). Toi, Tu as en plus introduit des sorties à la journée, en fait des cours sur le terrain, avec la Covillot pour les tout débutants et la Petite Bonnier pour les « avancés ». D’abord autour de Grenoble. La Bastille, Comboire, Les Vouillants. Ah ! les Vouillants. Puis plus loin ! Et là, ton originalité, ton apport a été de « faire chercher », de faire déterminer au moyen de la flore. « Je ne te donne pas le nom, tu cherches ! ». Mais chacun savait que tu étais là au cas où… Combien de fois as-tu disséqué, pétafiné comme tu disais, des fleurs avec ton épingle de nourrice… A combien as-tu appris ces gestes essentiels, oh combien formateurs ? Ta passion, ton enthousiasme arrêtaient le temps. Je me souviens d’une sortie au col d’Ornon où ceux qui, comme moi, collaient à toi pour « aspirer » ton savoir, ont passé la matinée à moins de dix mètres du car et n’ont jamais eu le temps de traverser la route !

A titre tout à fait personnel ( je fais une petite parenthèse mais elle est d’importance), si je ne t’avais pas rencontré au début de ma botanique,

c’est à dire si je n’avais pas vu très tôt ta façon très analytique de déterminer les plantes, ta façon de  disséquer les fleurs avec la même précision que je disséquais en anatomie et en chirurgie, si je n’avais pas vu à mes tout débuts ta façon d’utiliser la Petite Bonnier, il n’est pas certain que j’aurais continué et que je serais ici aujourd’hui pour te rendre un hommage très mérité. Pour tout cela, un grand merci personnel.

Petit détail qui montre bien ton désir d’avancer. Quand Malcolm a mis au point l’outil fabuleux qu’est CleFlore, tu l’as de suite adopté et utilisé pour tes cours. Tu l’as même essayé sur le terrain: j’ai une photo lors d’un stage où tu le consultes, caché sous un grand
voile avec ….Annie Geller…. Mais l’impossibilité d’avoir un écran compatible avec un usage facile sur le terrain au soleil t’a fait renoncer. Dommage !
Pendant des années avant qu’elle ne paraisse, tu nous as parlé de la Flore Gallica. Et là tu m’as beaucoup fait pensé à un de mes tout premiers patrons d’orthopédie qui a absolument voulu implanter la 1ere prothèse de hanche du CHU de Grenoble avant de s’arrêter, de prendre sa retraite! C’était en 1969 ! Tu as fait pareil ! Tu n’as pas voulu t’arrêter tant que Flora Gallica n’était pas sortie et tant que tu n’avais pas eu la possibilité de la découvrir, de la travailler, de la simplifier et de faire quelques cours avec elle, notamment les Malvacées et les Campanulacées. Et ensuite, tu as passé la main, comme mon patron en orthopédie.
Dans les deux cas, on changeait d’époque !.
En conclusion, tu laisseras le souvenir d’un enseignant passionné, généreux, qui n’avait qu’une envie : donner son savoir. Et tu aimais donner ce savoir. Notamment quand tu étais sur le terrain.Sur ce, Charles, je te redis au nom de tous tes amis botanistes de l’UIAD « Merci », « Au revoir » et « À toujours » dans notre jardin des âmes… Bien amicalement !
Rémi Julliard
10 septembre 2022. Funérarium. 38700. La Tronche

 

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