La mémoire : un sujet qui nous touche tous !

« La Mémoire »

Bonne ou mauvaise Mémoire telle est la problématique qui anime depuis la nuit des temps le rapport de l’Homme à son système mnésique.

Pour essayer de la contrôler, les Grecs l’ont divinisée et l’ont appelée Mnémosyne, mère des 9 muses symbolisant la Connaissance, la Divination et l’Art.

Selon Hésiode, les muses devaient permettre l’oubli des maux. Quant aux latins ils n’ont eu de cesse de mettre au point des techniques pour la soutenir en développant des aides mnémotechniques dont certaines ont traversé les siècles. C’est le cas de la méthode des LOCI (locus : lieu en latin) qui fut développée par Cicéron et Quintilien et qui consistait en l’association d’une liste de mots à retenir et d’un trajet dans des lieux familiers visualisés au préalable. Elle aurait été inventée par le poète Simonide au Vème siècle av J. C. lors d’un banquet, donné par un noble de Thessalie qui s’appelait Scopas, il chanta un poème en l’honneur de son hôte, mais il y inclut un passage à la gloire de Castor et Pollux. Scopas dit au poète qu’il ne lui paierait que la moitié de la somme convenue et qu’il devait demander la différence aux Dieux jumeaux auxquels il avait dédié le poème. Un peu plus tard, on avertit Simonide que deux jeunes gens l’attendaient à l’extérieur et désiraient le voir. Il quitta le banquet et sortit, mais il ne put trouver personne. Pendant son absence, le toit de la salle du banquet s’écroula, écrasant Scopas et tous ses invités au point de les rendre méconnaissables. Mais Simonide se rappelait les places qu’ils occupaient à table et il put tous les identifier mettant en valeur le souvenir des images et la nécessité de la mise en ordre, de l’organisation de celle-ci. L’art de la mémoire était né.

Au cœur de processus psychologiques et biologiques, la Mémoire qui est par définition sélective, est non seulement la capacité à percevoir, stocker et rappeler des informations à la conscience ou dans l’action, mais c’est aussi le témoin du temps qui passe et ce qui façonne notre identité car elle permet de relier les différentes étapes de notre vie, les événements douloureux ou plaisants de notre existence et fait le lien entre l’enfant que nous étions et l’adulte que nous sommes devenus.

La Mémoire est multiple et nous pouvons parler de la mémoire iconique et échoïque pour définir des mémoires sensorielles extrêmement brèves (persistance comprise entre 300 et 500 millisecondes) qui correspondent pratiquement au temps de perception d’un stimulus par nos organes sensoriels ou encore de la mémoire à court terme ou de travail qui permet de conserver et manipuler, pendant quelques secondes, jusqu’à 7 éléments en moyenne ou enfin la mémoire à long terme qui sera active toute notre vie. Elle comprend la mémoire sémantique, celle des concepts et du savoir général sur le monde et la mémoire épisodique celle des événements autobiographiques liés à un contexte temporel et spatial particulier.

Nous pouvons encore distinguer, la mémoire implicite de type procédural qui se manifeste par toutes nos habitudes et savoir-faire (vélo, piano, conduite auto…) et la mémoire explicite ou déclarative qui nous permet d’évoquer consciemment et volontairement des faits et souvenirs.

Au regard de ces subdivisions il devient évident que dire que l’on a une bonne ou une mauvaise mémoire n’a pas grand sens car de quelle mémoire parle-ton ?

Quoi qu’il en soit, ces différentes mémoires vont pouvoir, grâce aux facteurs psychologiques (liés au désir, à la motivation, à la curiosité et au plaisir de la découverte) ainsi qu’aux facteurs environnementaux (liés aux relations humaines, à la communication, à l’échange), s’exercer et continuer à être actives tout au long de notre existence et donc à tout âge.

Elsa Carron

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