Romans dépaysants pour lecteurs confinés
Il suffit parfois d’un titre pour d’un coup sortir du train-train quotidien, des soucis, des habitudes. Pour qui n’a jamais cessé de rêver de cartes et d’estampes, Extérieur Monde sonne comme une promesse de dépaysement.
Le dernier livre d’Olivier Rollin n’a rien d’évident. Parce qu’il est plus que jamais écrit au fil de la plume et que de son propre aveu, l’écrivain écrit ses premières pages sans vraiment savoir où elles le mèneront. Très vite le lecteur comprend néanmoins qu’avec Olivier Rollin il arpentera la planète de l’Est à l’Ouest et du Nord au sud.
« Je tourne dans la cage des méridiens comme un écureuil dans la sienne » écrivait Cendrars dans Le Panama ou les aventures de mes sept oncles. A lire Extérieur monde on a parfois le tournis, une vague impression de « name dropping » : trop de noms de lieux, trop de noms d’écrivains, trop de références littéraires. Mais peu à peu on découvre que ces bribes qui nous parviennent du monde extérieur dessinent en creux le portrait de l’écrivain, un portrait plus intime qu’il n’y paraît. Et un écrivain soucieux du mot juste, de l’image approprié, de la référence précise. L’improvisation n’est en fait qu’apparente, d’abord parce qu’Olivier Rollin s’appuie sur les carnets où il a pris l’habitude de noter, au fil de ses innombrables voyages, ses observations et ses impressions. Ensuite parce que le texte se construit peu à peu comme un jeu de dominos, chaque élément, chaque souvenir en appelant un autre avec lequel il présente quelque similitude.
Extérieur monde ne requiert pas une lecture assidue, on tourne les pages, saute un paragraphe, peut-être deux, on s’arrête, on cherche dans ses propres souvenirs, on s’interroge sur un lieu, on s’attarde, on rêve. Bref on déambule et on termine le livre avec une furieuse envie de lire, autant que de voyager. Envie de retourner aussi aux précédents livres d’Olivier Rollin, ceux qu’on a lus ou ceux qu’on n’a pas encore lus.
Olivier Rolin, Extérieur Monde, Gallimard, 2019
Nicole Dupré