RENCONTRE AVEC EDDY HARRIS

RENCONTRE AVEC EDDY HARRIS

Vendredi 25 Novembre à 14h30, salle G4 (bd Gambetta)

 

Eddy L. Harris, Mississippi Solo, Liania Levi, 2020, traduction Pascale-Marie Deschamps

Ol’ Man River, the Big Muddy, Body of a Nation, The Mighty Mississippi … rarement fleuve aura eu tant de surnoms, tous mérités bien sûr car qui a vu une fois le Mississippi reste fasciné par sa force et sa puissance comme par les récits – quand ce ne sont pas des légendes – qui lui sont consacrés.

Mississippi Solo est un récit de voyage, celui qu’Eddy L. Harris, écrivain en manque de reconnaissance, alors âgé de trente ans, a entrepris alors qu’il n’était ni particulièrement sportif, ni même aventureux, ne savait pas pagayer et ne possédait même pas de canoë : il s’agissait alors de descendre la totalité du Mississippi – 3780km – depuis le lac Itasca dans le Nord du Minnesota jusqu’à la Nouvelle-Orléans ! ” De là où il n’y a pas de Noirs à là où on ne nous aime toujours pas beaucoup.” car, pour corser l’exploit Eddy Harris est…Noir !

Certes, sa couleur de peau joue parfois dans les rencontres qu’il fait, mais pas tant que cela, à une ou deux exceptions près, car la plupart des gens qu’il rencontre sont du type curieux et débonnaire. En tout cas, que l’on s’intéresse, à travers ce récit, à la sociologie américaine, à la découverte de paysages souvent somptueux, à la description du fleuve lui-même avec toutes ses variations de lumière et de puissance, c’est malgré tout l’état d’esprit du narrateur qui en constitue le fil conducteur, plus changeant même que les aléas météorologiques. Car il doit affronter aussi bien les difficultés matérielles que son incompétence, ses incertitudes, ses doutes et sa solitude, ses victoires éphémères et ses échecs, son envie de renoncer et son obstination à aller jusqu’au bout malgré tout. Mais au bout du voyage, au bout du récit, il n’y a pas d’autre accomplissement que la connaissance de soi.

Nicole Dupré

 

Eddy L. Harris, Le Mississippi dans la peau, Liana Levi, 2021, traduction Pascale-Marie Deschamps

Il a fait le voyage une première fois. Le revoilà 30 ans plus tard en train de ramer sur son canoë pour descendre le Mississippi depuis sa source jusqu’à son embouchure. La démarche est surprenante et particulièrement intéressante puisque, comme le suggère Héraclite, on ne peut se baigner deux fois dans le même fleuve. Alors pourquoi recommencer ? Et bien justement pour chercher ce qui a changé : le fleuve certainement, l’auteur également, qui entretemps a vécu, a voyagé, a accumulé les expériences et revient se confronter au souvenir de sa première aventure.

Oui, sans doute tout a changé, mais on retrouve dans Le Mississippi dans la peau, ce même regard porté sur les paysages, sur ce que l’écrivain-rameur-au-long-cours perçoit du monde en descendant le fleuve. La même curiosité, la même facilité à aller à l’encontre de ceux qui lui font signe de venir partager une bière ou juste un moment au bord de l’eau.

Il existe toutes sortes de récits de voyage, mais celui-ci se lit comme une conversation qui progresse à bâtons rompus et passe d’une description lyrique du paysage, à une remarque triviale sur la fatigue, une considération technique sur la façon de ramer, une réflexion sur la marche du monde. Et toujours cette interrogation sur l’identité américaine, sur une histoire qui est avant tout celle de l’homme blanc.

Trente ans d’écart entre Mississippi solo et Le Mississippi dans la peau : et puisque le monde a changé, on ne s’ennuie jamais en refaisant le voyage dans le canoë d’Eddy Harris. Même pas besoin de ramer !

Nicole Dupré

 

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1 réponse

  1. Nicole Dupré dit :

    Une rencontre proposée en partenariat avec la Bibliothèque municipale à l’occasion de la résidence de création d’Eddy Harris organisée par la Ville de Grenoble avec le soutien du Centre national du livre. ND

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