Vive les vacances…avec des livres dans la poche

Quelques idées de lecture avant de mettre la clef sous la porte virtuelle du blog.

 

 

C’est un petit livre, d’une centaine de pages. Pas vraiment un roman, plutôt un conte, ou une fable tendre et « humaniste » bien qu’il s’agisse d’animaux. Cela commence par une tragédie, celle d’une mouette prise dans une nappe de pétrole, qui vient mourir sur un balcon de Hambourg, sous l’oeil effaré d’un chat « grand noir et gros « prénommé Zorbas, et lui confie ce qu’elle a de plus précieux, l’oeuf qu’elle vient de pondre ….
Si déjà vous levez les yeux au ciel et haussez les épaules, ce livre n’est pas pour vous. Si au contraire vous vous surprenez à sourire, n’hésitez pas, la suite de l’histoire vous ravira.
N.D.Luis Sepulveda, Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler, Métailié, 2012 (126 pages)

                             Jesmyn Ward, Le Chant des revenants

Elle est américaine, elle est née dans le Sud, et bien sûr elle est Noire. Mais avant tout elle est écrivaine et au premier roman lu (Bois Sauvage) on sait qu’elle laissera sa trace dans l’histoire de la littérature. Car Jesmyn Ward écrit comme personne. Et il faudrait prendre le temps de la lire en V.O. pour mieux savourer cette façon qu’elle a de faire entendre les voix du sud, d’en reproduire les sonorités en même temps que les raccourcis syntaxiques, et admirer sa capacité à changer de registre selon les locuteurs, tout en maintenant la fluidité de la narration.

De quoi parle Jesmyn Ward dans ses livres ?  Des conditions de vie des Noirs dans l’Amérique d’aujourd’hui, qui parfois, malgré les apparences, ne sont pas très différentes d’autrefois. Elle y parle de de la succession des générations, de la façon qu’a chacun de réagir aux drames qui touchent inexorablement la famille.

Jojo, l’enfant au coeur de son dernier roman a deux grands-pères, un noir auprès de qui il vit et qui lui a tout appris; un blanc qu’il ne connaît pas et qui ne veut pas le connaître. Son père est en prison et sa mère est une jeune femme paumée incapable de s’occuper de ses deux enfants puisque Jojo a une petite soeur. Lorsque sur un coup de tête, la mère décide d’aller chercher son mari à sa sortie de prison, en embarquant Jojo, la petite Kayla et une amie un peu trop délurée, on se doute que le voyage ne sera pas facile. Et il ne l’est pas.

Jesmyn Ward, en alternant les voix des narrateurs parvient à faire comprendre au lecteur les émotions, les peurs, les espoirs qui traversent chacun d’eux. Dès lors il ne s’agit plus de les juger, mais d’éprouver de l’empathie parce que même la jeune mère, que l’on aurait vite fait de qualifier d’irresponsable, mérite d’être comprise.

Parfois, aux voix des personnages se mêlent celles des disparus, le frère tué, l’enfant de la prison. Parce que dans la culture du Sud des Etats-Unis les morts n’abandonnent pas les vivants. Si Jesmyn Ward était sud-américaine on parlerait sans doute de réalisme magique … bien que dans Le Chant des revenants il ait surtout une connotation tragique.

En tout cas il faut se laisser emporter par ce livre, se glisser dans la voiture qui monte vers Parchman, la prison d’Etat, partager au fil des pages la vie de ces individus sur qui le passé pèse autant que le présent et retrouver ensuite le confort de son fauteuil, bien loin du Mississippi, bien loin de ce monde si dur, si troublant, si désespérant.

Jesmyn Ward, Le Chant des revenants, Belfond, 2019. Traduction Charles Recoursé (272 pages)

 

                            Claudine Desmarteau, Un Mois à l’ouest

Roman ?  Récit de voyage ?  Le livre de Claudine Desmarteau est … un peu des deux.

C’est le récit à la première personne d’un jeune homme de 20 ans qui sur un coup de tête part rejoindre la Canadienne qu’il a brièvement aimée alors qu’elle était de passage en France. Rencontre sans lendemain car à peine arrivé à Montréal, le voilà mis à la rue et contraint d’improviser en territoire inconnu puisque son billet – non remboursable et non modifiable – ne sera utilisable que dans un mois.

Le voilà donc livré à lui-même et aux rencontres hasardeuses, qui lui permettent néanmoins de découvrir les chutes du Niagara, New-York, Quebec City et la Gaspésie !


Le charme du livre tient tout entier à la tonalité de son écriture, puisque Claudine Desmarteau a choisi de faire entendre la voix de son personnage qui s’exprime comme s’expriment les jeunes de son âge. Il apparaît ainsi selon les circonstances d’une grande naïveté, ou d’une grande prétention, audacieux parfois, angoissé souvent.

Un petit livre pas prise de tête du tout qui se lit vite et avec plaisir.


Claudine Desmarteau, Un Mois à l’Ouest, Editions,Thierry Magnier, 2018
(Avec la contribution de), Jean-Daniel Gary (Photographies)

 

 

 

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